Luis OLEARAIN à la Bourse du travail, ancien salarié de l'entreprise CPOAC.
Médiathèque (photothèque, sonothèque, vidéothèque)
Identifier:
150506_clu_bia_g_015
Description
«Le développement industriel a paradoxalement amené une prise de conscience des salariés par rapport à leur situation de travail»
Luis OLEARAIN assure une fois par semaine la permanence des retraités CGT du bassin de Cluses. A cette occasion, nous nous retrouvons dans le lieu symbolique de la Bourse du travail. Je l'interroge sur son parcours de salarié et de syndiqué.
Il a amené un objet mystérieux dont il me révèlera la réelle fonction en toute fin d'entretien et avec un regard de malice.
C'est en 1967, alors qu'il travaille aux Bougies MARCHALl, qu'il prend sa première carte syndicale à la CGT. A l'époque, «c'était merveilleux, il n'y avait aucun problème d'embauche». Pourquoi cet engagement syndical alors ? Par culture familiale, et parce que «sa situation de salarié lui demandait de défendre des intérêts qui n'étaient pas ceux du patron». «La montée de l'industrialisation et de la société de consommation ont amené une dégradation des conditions de travail dans les années 60. Les patrons se sont mis au service des grands donneurs d'ordre industriels français : Renault, Peugeot... avec entre autre conséquence un certain régime d'exploitation de leur main d'oeuvre. C'est à ce moment là que s'est développé le syndicalisme à Cluses, même s'il existait ici depuis le début du siècle ».
En novembre 1969, Luis OLEARAIN rentre comme dessinateur à la CPOAC à Bonneville, un constructeur de vérins pneumatiques, des pièces en grande partie destinées au marché automobile.
«On se sentait bien à la CPOAC. Mais en 1985, avec le rachat par Bosch qui a cette culture d'équipementier - fabriquer des composants au plus bas coût pour les fabricants automobiles - s'est appliquée une logique financière qui a fait que cela a changé la donne: les rapports sociaux se sont beaucoup modifiés au sein de l'entreprise». Et de rajouter que «ce rachat a quand même été positif car cela a amené une diversification de la fabrication et l'ouverture vers de nouveaux marchés».
Luis OLEARAIN travaillera 40 ans dans cette entreprise. Aujourd'hui retraité, il est toujours syndiqué et tient à me préciser sa démarche, «sans pour autant me faire un cours de syndicalisme» : «ma conception c'est qu'un retraité est un salarié dispensé d'activité: il perçoit un salaire socialisé, qui correspond à ce qu'il a versé comme solidarité au moment où il était salarié.
« Aujourd'hui, vous n'avez pas un patron, vous les avez tous : le MEDEF intervient dans la revalorisation des retraites par exemple. Moi, je veux avoir ma voix au chapitre et décider du salaire différé qui est versé aux retraités».
Photographie issue de l'enquête et l'exposition « Portraits du décolletage » de Caroline HOUAL
En diaporama, l'objet représentatif qu'a choisi Luis OLEARAIN: «C'est un vérin qui normalement fonctionne de façon authentique. Mon chef de service l'a modifié pour en faire la tirelire que l'on m'a offerte à mon départ en retraite».
Rights
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