Jean-Claude LEGER, maire de Cluses de 1983 à 2014, sur le Pont Vieux de Cluses au-dessus de l'Arve
Médiathèque (photothèque, sonothèque, vidéothèque)
Identifier:
150506_clu_bia_g_003
Description
« On nous a regardé comme des hurluberlus, mais l'histoire de ce territoire est exceptionnelle »
Jean-Claude Léger est une figure publique de ce territoire : 31 ans en tant que maire de la ville de Cluses, 43 ans comme élu... Son mandat vient de prendre fin : il a recouvré une «liberté totale de parole» et je l'interroge sur le rôle d'un maire sur un territoire où la dimension industrielle est à ce point prégnante.«Dans la notion de district industriel, il y a une part importante des dimensions sociales : l'organisation territoriale, les relations inter-familiales....La vallée de l'Arve était considérée comme l'exemple n°1 de district, avec notamment cette capacité d'adaptation du tissu industriel : dans les usines on avait d'un côté des vieilles machines avec les courroies au plafond et de l'autre les commandes numériques.» «Il y a eu des choses extraordinaires qui se sont passées ici, et ça s'est passé seul, parce que politiquement on nous prenait pour des incultes qui n'intéressaient pas les gens.... l'évolution démographique liée au développement industriel a été incroyable : 3 400 habitants après la guerre, plus de 15 000 dans les années 70....C'est une histoire exceptionnelle.»
Élu municipal depuis 1971, sa profession était celle de patron-décolleteur, plus par obligation familiale d'ailleurs que par réel choix. Le parcours de cette entreprise est «une histoire banale» pour ce territoire, «de rachat d'entreprises, de recherche de spécialisation», d'une activité dans laquelle «on se bagarrait» au gré des évolutions technologiques.
«Les premières crises des années 1993-95 ont attiré l'attention sur le fait que nous avons un tissu où la force et la valeur des hommes est importante, essentielle, mais ne suffit pas. l'adaptation et le volontarisme, c'est bien, mais dans une économie ouverte il faut peut-être aider les entreprises à affronter les difficultés. Cela n'a pas été fait, beaucoup de très petites entreprises (TPE) ont disparu et le tissu industriel s'est appauvri.» Ces dernières décennies, la charge de maire a évolué. «On est sorti de la voirie et de l'éclairage public. Il a fallu prendre en compte la question du développement économique et d'aménagement du territoire. C'est ce que j'ai essayé d'expliquer quand je suis arrivé à la mairie. Il fallait que le territoire définisse une politique d'aménagement, qui commençait par rendre une ville agréable : on ne fait pas venir des entreprises et des gens qualifiés dans une ville triste. Il fallait mettre en place des structures de formation, faire venir des entreprises extérieures - ce qui n'était pas toujours bien vu - pour sortir d'une unicité de production ; expliquer la logique des districts qui valorise les territoires». «Passer un cap difficile pour atteindre un demain un peu différent».
Photographie issue de l'enquête et l'exposition « Portraits du décolletage » de Caroline HOUAL
En diaporama, l'objet représentatif qu'a choisi Jean-Claude LEGER: un prix qu'il a obtenu en tant que maire sur le thème du développement du territoire.
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